Elle s'est endormie dans la forêt, le dos contre un arbre après avoir passé plusieurs heures à marcher sur les traces d'un braconnier qui sévit. Sans grand succès malheureusement. Elle s'est arrêtée pour faire une pause bien mérité. Elle n'a fermé les yeux que quelques secondes ... tout du moins, c'est ce qu'elle croit puisqu'en les ouvrant de nouveau, le ciel se pare de ses belles couleurs de crépuscule. Elle se lève d'un bond leste. Oupsie a daisy. Elle inspire profondément, l'odeur de la forêt a quelque chose d'apaisant, de rassurant. Si l'on oublie qu'il y a des braconniers un peu partout. Elle sait que pour ce soir, elle ne trouvera pas le braconnier mais elle veut quand même continuer un peu, on ne sait jamais, elle peut trouver un indice qui la conduira à lui et qui sait, peut-être jusqu'à un camp ? Ce serait vraiment très cool, un camp de braconnier en moins.

Elle entend le chuintement d'une chouette dans son dos. Elle reconnait ce son. C'est Liberty, sa chouette qui se dirige droit sur elle. Elle tend le bras vers elle pour qu'elle puisse s'y installer confortablement. Lina l'embrasse sur la tête, lui donne une caresse puis une petite gourmandise avant de voir sur sa patte droite un parchemin qu'elle prend délicatement. La petite chouette migre sur son épaule et elle peut lire la lettre. C'est Sacha qui l'écrit. Ce ne sont que quelques mots, un endroit, une heure. Un rendez-vous donné en quelque sorte. C'est bien mystérieux tout ça mais Lina se doute bien de ce que cela signifie. Sacha a probablement des informations pour elle. Un sourire illumine ses lèvres.

Elle continue de marcher dans les bois, elle trouve des traces de pas et quelques brins d'herbes brûler par un sortilèges. Elle se baisse et étudie ces indices. Apparemment, il n'y a pas de sang, ce qui signifie que personne, créature ou sorcier, n'a été blessé. Les traces de pas se dirige vers le nord. Elle les suit jusqu'à ce qu'elles disparaissent. La personne a transplaner, quel tricheur ! Elle n'a pas d'autres choix que d'abandonner pour ce soir. Elle soupire. Le ciel est sombre, la nuit est tombée et les étoiles s'allument. Liberty prend ton envol pour la nuit et la sorcière transplane. Elle arrive au point de rendez-vous, Sacha est déjà présente : Bonsoir Sacha, comment vas-tu ? Je suis en retard ? Elle n'aime pas être en retard mais elle se laisse parfois complètement aller dans ses enquêtes sans voir les heures défiler. Que puis-je faire pour toi ? Elle sait que Sacha aime quand les choses vont droit au but..

Je faisais tourner une pierre, un petit cristal de roche, glacé, entre mes doigts. C’était assez apaisant à mes yeux. Liberty avait pris son envole depuis quelques minutes, il ne restait plus qu’à attendre. Congé forcé pour aujourd’hui. J’avais pris un sale sortilège dans la jambe en traquant des braconniers. Mais je leur avais fait assez peur pour qu’ils se tirent. Mais sur mon carnet, j’avais tracé quelques portraits robots qui seraient plus qu’utile à une certaine personne. Moi, je restais assise sur un gros rocher, au bord de la falaise à ruminer. J’avais pas mal d’indications à donner et j’aurais été ravie d’aller les tuer moi-même… Mais avec cette foutue jambe ? Je devrais attendre un peu. Je fis à nouveau tourner le caillou entre mes doigts avant de le ranger. Twiggy avait raison, je devrais lever le pied. Sauf que si je le levai… qui protégerait mes animaux ? Non, je ne pouvais pas les abandonner… Je passais une main sur mon visage. Ma vieille veste était plus qu’éliminée à certains endroits, le vent froid de l’hiver la perçait, cette veste mais qu’importe… Qu’importe.

Mon souffle dessina une spirale blanchâtre dans l’air alors que j’expirais lentement. Des bruits de pas. Pas discret. Cela ne pouvait être que Linaewen, que j’avais tendance à appeler Lina. C’était plus court. Je refermais mes doigts gantés sur la pierre en silence. Je quittai enfin le paysage des yeux avant de tourner la tête pour la regarder. J’avais l’impression d’être une statue de glace.

« Salut, j’ai connu mieux et toi ? Non, t’inquiète pas. »

J’étais là depuis plusieurs heures, absorbée par les pensées et la tristesse de ne pas pouvoir aller en forêt. Ma maison, masure oui, était à une centaine de mètres. Je soufflai à nouveau dans l’air un nuage de vapeur.

« J’ai des infos pour toi. Les Braconniers. Ils ont recommencé. J’ai même pu dessiner leur gueule. »

C’était pas mal. Je tendis la main vers mon sac pour le prendre et lui tendre le carnet que j’avais attrapé dedans.

« Tiens, t’as tout dedans. J’ai pas réussi à te les estropier. Ils se sont taillé avant. »

Fait chier.

Elle apparaît de nulle part, ses pas mènent Lina vers son informatrice. Elle fronce les sourcils à sa réponse. Elle n'aime pas vraiment cette dernière, elle l'observe mais, dans le noir, c'est un peu compliqué. Elle allume sa baguette grâce au sortilège Lumos. Elle s'exclame :  Mais tu as l'air frigorifiée !! Tu devrais rentrer au chaud ! En attendant, d'un mouvement de baguette compliqué, elle réchauffe l'atmosphère autour d'elles. Ca fait combien de temps que tu es dehors ? Sérieusement, t'es complètement folle de rester dans le froid comme ça. On dirait une maman poule avec son enfant, ce n'est vraiment pas possible. Sa main gauche se pose sur sa hanche pour montrer mon mécontentement.

Elle lève un sourcil face à ce qu'elle dit. Elle soupire doucement, bien qu'elle soit très impressionnée par son courage, elle n'est pas prudente et pourrait avoir de nombreux problèmes comme des représailles. Ce n'est pas à elle de faire la chasse aux braconniers bien qu'elle comprenne parfaitement bien sa haine de ces derniers. Elle prend le carnet qu'elle lui tant. Elle regarde les portraits qu'elle a dessinés puis elle relève la tête : Merci beaucoup Sacha, cela va beaucoup m'aider. Je prends tes portraits, je te laisse le reste de ton carnet, tu es douée. Au milieu de ces portraits, elle en a reconnu quelques-uns. L'un d'eux fait partie de ceux qu'elle traquait dans la journée. Il semble qu'il ait décidé de continuer sa route avec un autre camp de braconnier. De toute façon, ce sont des nomades et si certaines restent tout le temps ensemble, d'autres se baladent.

Tu es blessée ? Elle tente de voir si elle saigne mais elle ne voit rien, ce qui ne signifie pas qu'elle n'a rien. Lina a beaucoup de chance, elle connaît un incroyable médicomage alors au pire, elle peut aller le chercher pour qu'il soigne la jeune femme. Tu es forte Sacha mais je t'en prie, sois prudente. Je ne peux que comprendre ton enthousiasme à botter les trains de ces hommes et femmes mais ils sont dangereux et je ne voudrais pas qu'il t'arrive quelque chose ... même si je sais que tu leur donnes du fil à retordre. Je m'occupe du reste. Ils vont regretter le jour où ils ont décidé d'entrer dans le mauvais camp. Elle ne supporte pas ces gens qui blessent, tuent, effraient pour le simple plaisir ou pour de l'argent. Est-ce que tu sais dans quelle direction ils sont partis ? Est-ce que tu as entendu s'ils avaient des projets ?

Frigorifiée ? Je regardai un instant la jeune femme. Être au chaud… Pourquoi faire ? Je n’en étais pas sûre d’avoir envie. Je détestais être à l’intérieur. Vraiment. Alors dehors… C’était bien d’être dehors. Je savais qu’il faisait froid, mais je m’en moquai complètement en réalité. Je haussais les épaules.

« Ça va. »

Elle réchauffa l’atmosphère d’un coup de baguette et j’eus un petit frisson, un chaud froid des familles, ce n’était pas spécialement agréable. J’avais l’impression que mon sang se prenait une claque. Je rangeai le petit cristal dans ma poche avant d’agiter mes doigts alors que le sang revenait à l’intérieur. Ce n’était pas ce qu’il y avait de plus agréable. Combien de temps ? Je haussais les épaules à nouveau.

« Je sais pas trop, j’ai pas compté. P’tre quelques heures. Je sais, mais c’est aussi mon travail, d’être dehors toute la journée. »

D’accord, normalement c’était en se déplaçant en permanence ! Et sous le couvert des bois. Mais j’avais tendance à négliger mon état physique. C’était un peu secondaire de ma part, les animaux passaient avant moi. Si bien que j’expliquais tout ce qu’il s’était passé avec les braconniers en lui tendant le carnet. Je la laissai déchirer les pages en questions avant de le reprendre. J’eus un sourire.

« L’habitude de dessiner sur le vif, ça aide pas mal. »

Blessé, j’inclinai la tête vers la jambe blessée en question avant de soupirer longuement.

« Ouais. Je me suis pris un putain de sort dans la jambe. Repos forcé. »

Je la tapotai machinalement ma jambe blessée enroulée dans plusieurs couches de bandages pour éviter de la laisser à l’air libre. Je savais que j’aurais dû me rendre chez un médicomage, mais je n’y étais pas allée. Je n’en avais pas envie. Et Lina me fit la leçon, je la regardais silencieusement à sa remarque. Je pouvais comprendre… Je soufflais un grand coup, un peu fatiguée, et il fallait l’avouer, j’avais mal.

« Je suis toujours prudente. Mais si je me repose, ils en profitent pour faire du mal à mes animaux. Ils sont p’tre dangereux, mais je dois l’être plus qu’eux pour qu’ils n’osent plus venir. De toute manière, pour l’instant j’ai pas trop le choix que de te laisser gérer. »

Fais chier. La direction ? Je massai ma jambe avec une grimace de douleur.

« Sud-est, je crois. Je n’en ai pas entendu beaucoup, mais ils ont parlé du marché saturé à cause des sombrales. Donc ils cherchent un nouveau business. Lequel, j’en sais rien. Ça me rend folle. »

J’avais envie de me lever et aller leur botter le cul, sauf que je ne pouvais pas.