L’obscurité se fait sur l’Écosse, la nuit couvrant la nation de son manteau constellé. Au cœur d’Aranshire, une converse fraternelle se fait, longue et fructueuse. Comme de coutume, son double s’est fait dépositaire de ses tourments, le raisonnant. Moralisateurs, les reproches fusent des babines de Byron. Silence désarmant. Galvanisé par l’échange, Dumbledore acquiesce. L’épouvante causée par l’attaque demeure imprimée en sa rétine. Il lui faut rassembler son courage pour le quitter et transplaner jusqu’à Bainbourg. Éclipse soudaine. Il disparaît en un tourbillon et revient à un autre point de l’espace. Bord de mer. Reprenant ses esprits, il jette une œillade à l’horizon, le bruit des vagues apaise son âme un instant. Sa silhouette s’efface alors qu’il marche sur la rive désolée un moment. Un vol d’oiseau surplombe son crâne. Le volatile rougeoyant rejoint finalement son avant-bras. Le dos courbé, il admire l’animal tandis qu’il se rapproche de la demeure de son hôte. Ce dernier ne l’attend pas, pas plus que lui pensait se présenter à lui ce jour. Fulminant, les échecs auront eu raison de lui. L’ancien serdaigle est, semble-t-il, plus brave qu’il ne l’imaginait — les serpencendres n’ont pas annihilé son aplomb. L’optimisme logé dans la gorge tel un secret, il fait quelques pas en direction de la bâtisse. S’arrêtant sur le parvis, il jette un bref regard à la pierre avant de frapper trois coups distincts à la porte. Bang. Bang. Bang.

De concert, l’organe tambourine contre son poitrail, formant une cavalcade sourde qui le paralyse temporairement. Rhysand prend-t-il seulement une sage décision ? Deaglán semblait sincère lorsqu’il s’est adressé à lui. Il s’agissait d’autre chose qu’un simple échange à propos de l’espoir, c’était un appel aux armes et à la rébellion. La réponse est formulée des mois plus tard, maintenant que la blessure à son flanc droit est pansée. D’un mouvement entendu de la tête, il ordonne à son phénix de s’éloigner, préférant converser avec le sorcier dans l’intimité. Déglutissant, il sait les risques qu’il prend. L'obituaire de la Gazette en dit long sur les affres de la chasse.

La porte grince et s’ouvre, laissant échapper le visage ahuri de son ami. Interloqué face à lui, le gallois s’exprime de sa verve grave : Is this a good time? S’enquiert-il avec délicatesse. Il le toise de ses billes d’argent, s’efforçant de ne pas braver les portes de sa conscience. Ses souvenirs lui appartiennent et, tout légilimens qu’il est, il lui doit bien ce geste. Attendant qu’il se confie, il se décale légèrement vers la gauche, un sentiment d’impatience tue tordant son estomac.

L'écosse avait entrepris de recouvrir les hameaux d'un manteau duveteux de neige, et sans bien trop savoir pourquoi, il s'était senti envahi d'une étrange nostalgie en contemplant sa demeure également cotonneuse. Il avait entrepris de manger avec sa grand-mère mais quand celle-ci, après une belle discussion sur d'âpres d'épisodes de sa vie pendant la guerre, avait commencé à s'endormir, il l'avait raccompagnée dans sa chambre. Jetant un œil agacé à la porte menant à la chambre de sa soeur disparue, il en referma la porte avec douceur et descendit les marches vers ce qu'il restait de leur repas. Débarrassée, la table, il s'évertua à faire repartir à la main le feu qui avait commencer à s'éteindre dans l'âtre et laissa tomber son entreprise, sortant sa baguette pour faire jaillir quelques flammes éparses. S'installant dans un fauteuil, il entrepris de faire le compte, dans son esprit de ce qu'il lui fallait encore pour pouvoir prétendre à rejoindre une formation de médicomage: il s'était dit, de longues semaines auparavant qu'il adviendrait ce qu'il devait advenir mais qu'il n'abandonnerait plus son rêve. Qu'Aidlinn ne soit pas encore arrivée était une fissure sur leur chemin, mais il la retrouverait, il le savait.

Trois coups portés sur le chambranle en bois de la porte, et il releva un regard surpris. Il n'attendait personne et à cette heure-ci encore moins. Levant sa baguette, il jeta un sortilège pour dissimuler la porte menant à l'étage et mettre sa grand-mère en sécurité, puis, se tournant vers le salon, vérifia que rien de suspect ne s'y trouvait: non pas qu'il en avait l'habitude, mais c'était déjà arrivé qu'il abrite une créature blessée, attendant un vétomage de la brigade. Les sourcils froncés, il ouvrit la porte. Rhysand Dumbledore. Cela faisait plusieurs semaines qu'il n'avait pas vu le jeune homme et pourtant, il se souvenait de leur dernière discussion comme si elle datait d'hier; ayant pris le temps de l'approcher lorsqu'il était hospitalisé au dispensaire, il avait cru possible de lui parler de leur combat, de le pousser à les rejoindre. Il savait qu'il n'avait pas besoin qu'on le force, il n'avait besoin que d'une petite poussée en avant; il était heureux de le voir.

it's always a good time. il lui adressa un sourire et l'invita à entrer, jetant un oeil derrière lui dans la rue menant à la maisonnée; il n'y avait pas tant de raisons qu'il soit suivi, mais si deaglán était surveillé, l'on s'étonnerait peut-être de la nature de leurs échanges. tea? or maybe something stronger ? Il rapporta au dumbledore ce qu'il souhaitait et se servit un fond de verre de whisky; il avait toujours eu du mal avec l'alcool mais il s'était aussi aperçu que la dose d'éthanol ravivait ses pensées pendant quelques minutes, comme si ses capacités étaient accélérées et cette sensation était préférable ce soir à l'engourdissement induit par le thé, et la chaleur de la cheminée. Iil avait emmené avec lui une odeur de fleurs dont deaglán peinait à trouver l'origine - la lavande, peut-être? - qu'il avait camouffle sous cette effluve de tabac qui ne le quittait jamais vraiment et qu'il avait appris à apprécier en le côtoyant au dispensaire. Elle était irrémédiablement rattachée à lui, à présent. so ? what can I do for you ? Il avait la voix douce, deaglán, il appréciait les discussion avec Rhysand et même s'il devinait la raison de sa présence ici, il était hors de question de lui forcer la main, il voulait que les choses viennent de lui.

@Rhys Dumbledore